Jason IOTTI
La prise du pouls en médecine chinoise

La médecine chinoise utilise plusieurs méthodes d'investigations dans le but de comprendre les mécanismes en causes dans le motif de consultation. L'une d'entre elle, et probablement la plus complexe, est la palpation 切诊 qiē zhěn. Elle comprend la palpation des tissus des membres dont la structure est modifiée par les variation de la circulation dans les vaisseaux-méridiens, la palpation de l'abdomen et la palpations DES pouls.
Le pluriel est ici utilisé avec insistance, car en effet il n'y a pas qu'un pouls, mais plusieurs. Différentes loges pour la prise du pouls mais surtout plusieurs données objectivables dans la pulsologie. En occident, et précisément dans la pratique de la médecine conventionnelle les examens tournent autour de la fréquence et de la régularité du rythme cardiaque, de l'analyse de la structure anatomique propre du cœur et des vaisseaux qui lui sont connectés. En médecine chinoise, et notamment dans la pratique de l'acupuncture, le pouls est un moyen d'observer d'autres phénomènes qui ne sont pas uniquement liés au cœur. Pour cela, la médecine chinoise s'est intéressée à des données liées effectivement au rythme, mais également à d'autres éléments mettant en évidence des changements dans la physiologie des organes et de la circulation dans les vaisseaux voir même dans la présence de facteurs pathogènes dans l'organisme. Cette prise de pouls a évolué au cour de l'histoire de la médecine chinoise, certain examen ne sont même quasiment plus effectué. Pour répondre à la question que certain(e) pourrait se poser, la médecine chinoise a subi au cours de son histoire des évolutions, des involutions et une forme d'uniformisation sous Mao qui à conduit parfois à l'abandon de certaines pratiques. Je présenterais ci-dessous 3 examens palpatoires principaux du pouls issus de l'ouvrage fondateur de la médecine chinoise : le HuángDì NèiJing 黃帝內經.
La prise du pouls inclut originellement :
la qualité du pouls radial : c'est l'aspect de l'artère radial, ressenti sous le doigt et prise dans la gouttière radial, là où le pouls bat le plus fort. Elle change de manière physiologique en fonction des 5 saisons. Les changements (pathologiques) dans la qualité du pouls radial traduisent des modifications pathologiques des 5 organes vitaux (et des structures qui résonnent avec, cf lien)
la comparaison du pouls radial et du pouls carotidien : elle se base sur un rapport de force entre le pouls radial (cunkou) et carotidien (renying) et permet par l'objectivation du différentiel de force de mettre en évidence les plénitudes (excès) et les déficiences (insuffisances) de la circulation du qi et du sang dans les vaisseaux dit "longitudinaux" ou "méridiens".
le pouls des 3 sections et des 9 positions : les deux premiers pouls ne seront pas modifiés lorsqu'un "qi pathogène" (ou facteur pathogène) pénètre l'organisme. Il faudra utiliser une autre méthode de palpation sur 3 sections à 3 positions chacune : la tête, le poignet et le membre inférieur.
Ces 3 méthodes de pulsologie permettent au praticien d'adapter les traitements à l'individu et de modifier, au besoin, les traitements au fil des séances jusqu'à normalisation complète. La prise du pouls est donc un examen fondamental et nécessaire dans la prise en charge en acupuncture. Sans cela, les traitements ne peuvent être efficaces, et l'on pourrait comparer cela à conduire sans phare dans une nuit totale.
Post-scriptum : Je tiens, au travers de ce post, des suivants et de ce qui pourra être produit à l'avenir, à remercier mon ami, mentor et professeur Jean-Sylvain Prot qui m'a guidé et continu de le faire sur le chemin de la Tradition au travers de l'étude du HuángDì NèiJing 黃帝內經. Vous pouvez consulter son site en cliquant sur le lien.