La médecine chinoise


La médecine chinoise est un art séculaire qui puise ses racines dans un ouvrage ancien et fondateur appelé le HuangDi NeiJing, également connu sous le nom de Classique Interne de l'Empereur Jaune. Dans la tradition littéraire chinoise, un texte classique, ou Jing, est un recueil d'écrits qui établit les principes fondamentaux d'une tradition, qu'elle soit philosophique ou scientifique.
Le NeiJing offre une description complète des principes qui fournissent une compréhension du fonctionnement de l'univers et de la nature. Il utilise ensuite ces principes pour décrire le fonctionnement du corps humain et présente une approche globale de la médecine chinoise. Cette approche est basée sur l’étude de l’anatomie descriptive par analogie avec les phénomènes naturels et sur une physiologie holistique.
Le NeiJing représente une avancée majeure dans la compréhension de la santé et de la maladie, selon la perspective chinoise. Il établit les fondements de la théorie du yin et du yang, ainsi que celle des cinq circulations et des six qi, qui sont des concepts essentiels dans la médecine chinoise.
L'approche holistique de la médecine chinoise implique une compréhension de l'interdépendance entre les différents systèmes dans le corps humain.

Dans la science médicale chinoise, l'univers est considéré comme un phénomène de respiration continue, animé par une infinité de cycles d’expansions yang et de contractions yin imbriquées dans un modèle fractal. L'être humain est défini comme un micro-système auto-similaire identique à l'univers (concept de globalité - zhengti guannian 整体观念). Ainsi, ses cycles biologiques suivent les schémas respiratoires de la nature (diurne/nocturne, lunaisons, saisons, ...) et se synchronisent à elle pour maintenir la cohérence du vivant.

Les 5 circulations : 五行 wu xing


La théorie des 5 circulations est une analyse de la manière dont les structures du cosmos se développent en suivant un modèle quinaire, à partir de la dynamique binaire du souffle yin yang. Ainsi, les systèmes naturels et biologiques peuvent être classifiés selon 5 phases (Bois, Feu, Terre, Métal et Eau) : les 5 saisons chinoises, les 5 planètes (observables à l'oeil nu), les 5 palais célestes, les 5 notes de musique, les 5 saveurs, les 5 organes vitaux, les 5 organes des sens, les 5 tissus, les 5 doigts, ...etc
Cette classification est utilisée pour décrire les relations qu'entretiennent certaines structures anatomiques et fonctions physiologiques entre elles et avec l'environnement : nous parlons alors de relation de résonance corrélative ganying 感应. À titre d'exemple, le Foie et la Vésicule Biliaire sont associés à la phase Bois avec le système oculaire, le liquide lacrymal, les tendons et membranes musculaires, le système nerveux périphérique, la colère, ... etc
Ainsi, l'organisme est étudié de manière globale en considérant cette vision de 5 processus entretenant des rétroactions positives et négatives entre eux. Ces mouvements peuvent devenir fonctionnellement excessifs ou déficients perturbant ainsi l'équilibre dynamique qu'entretiennent l'ensemble des structures et fonctions associées.

Les vaisseaux - méridiens : 經脉 jing mai


Le caractère 經 jing est employé pour décrire des divisions longitudinales (méridiens) présentes dans les plans des fascias qui traversent le corps verticalement (par les grandes articulations). Ces voies composées de tissu conjonctif sont appelées "canaux d’acupuncture". Ces modèles d'organisations des plans tissulaires verticaux se retrouvent également dans la circulation. Lorsque l'on souhaite parler de cela, au terme jīng est ajouté celui de 脉 mài qui se traduit par "vaisseaux sanguins" ou “affluents d’un fleuve circulant dans le corps”.

La caractéristique de la nature étant l'auto-similarité, ces structures sont reconnaissables dans la nature, dans ce que l'on nomme jing shui (les fleuves) et leur réseaux de ramifications collatérales (絡 luò) qui transporte l'eau.

Nous retrouvons ces structures dans les végétaux (circulation de la sève), les insectes et chez les mammifères. Chez l'être humain, elles sont alors nommées 經脈 jīng mài, traduit par "vaisseaux longitudinaux" ou "vaisseaux méridiens". Ces structures ont le rôle fondamental de véhiculer les flux et ce qu'ils apportent en terme de nutrition (qi 氣). Les ramifications collatérales qui s’organisent autour des grands vaisseaux longitudinaux sont alors nommées 絡脈 luò mài. La médecine chinoise utilise donc un vocabulaire directionnel pour décrire les différentes catégories de vaisseaux sanguins.